Carlos Velasco : Travailleur de sa propre inspiration

27 otsaila, 2012

 formation autodidacte, le
guitariste montre dans ce disque toutes ses habilités, quelques-unes de manière
explicite, comme ce Bon Voyage
dédié à West Montgomery et qu’il mène à bien aux côtés du piano fibreux du Nord
américain Joshua Edelman. L’ombre de celui qui fut l’un de ses maîtres, Joe
Pass, se laisse aussi entrevoir dans le phrasement propre et cadencé, sincère
et élégant, de thèmes comme A vueltas, Días
de invierno
ou Por ti,
où la beauté se cuit à feu bas et parmi des silences, qui parlent beaucoup et
du bien de son instinct musical. En voilà l’une des grandes qualités à
distinguer de Carlos Velasco, celle de savoir laisser respirer et reposer ses
constructions mélodiques et ses phrasements plus libres et ouverts. Une autre
habileté de Carlos Velasco lui vient de l’adolescence, celle qui nous situe
devant sa fascination par le blues et ses dérivés. Ne sont pas alors étonnantes
ses heureuses compositions Doble o nada
ou Five in Blue, cette dernière
avec l’inestimable apport de l’organiste Gorka Iraundegui. Il y en a plus,
puisque le guitariste nous introduit dans d’autres univers jazzistiques
parallèles à partir de recréations sur des musiques au sang latin comme Mejor así, une sorte de  cha-cha-cha que quelques- uns reconnaîtront
sous son ancien titre, Cachalote,
ou Saltillo, un thème à l’âme
de peau de tex-mex et à l’âme de bossa nova. Toutes les deux sont probablement
celles qui exhibent au mieux son autorité compositrice.

               
Mention spéciale celle méritée par peut
être l’une des pièces plus vibrantes du registre, That old touch. Velasco place en tête de celle-ci à un
copain des temps de Pork Pie Hat, le haut saxophoniste Santi Ibarretxe, avec
lequel il maintient un intense dialogue de bop et postbop. De même qu’Edelman
dans Bon Voyage, le “Primital”
Ibarretxe stimule l’audience interprétative du guitariste, il s’en tire
brillamment en tout moment. En bref, quand Velasco joue lentement, on dirait un
poète, quand il accélère il ressemble à un écrivain dont la prose est longue,
féconde et entière.

               
Digne d’applaudissement le concours du contrebassiste Iván San Miguel et du
batterie Borja Barrueta, toujours attentifs autant à la chute libre de la voix
de la guitare  qu’à son phrasement ralenti:
les deux musiciens sont le meilleur matelas rythmique que tout leader peut
avoir.

               
Autour de vingt-cinq années a mis celui
de Basauri pour enregistrer ses volontés jazzistiques. Mais le meilleur n’est
pas ce qu’il nous rend maintenant, mais ce qui est sur le point d’arriver. Mais
en attendant, jouissons de la belle musique, audacieuse et sincère
qu’aujourd’hui nous offre un guitariste nécessaire.

Albisteak

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